Identification
Veuillez vous identifier

Mot de passe oublié?
Rechercher


Recherche avancée

Balade héraldique en pays de Vaud

Jean-Blaise Rochat
La Nation n° 2249 22 mars 2024

Un traité d’héraldique, ça vous tente? Non. Un manuel? pas plus. Un précis? Un dictionnaire? Toujours pas. Laissez-vous plutôt séduire par une agréable balade dans notre beau pays. Je vous invite à commencer en haut de la page à gauche: l’écusson se décrit ainsi en langage approprié: de sinople à la croix d’argent chargée en pal du fer de lance du royaume de Bourgogne. On pourrait ajouter casque, cimier, supports et lambrequin, mais en l’occurrence, l’effet serait d’un maniérisme douteux. Notre bannière, création moderne, n’est pas entrée triomphalement dans Jérusalem au temps des croisades et n’a participé à aucun tournoi. Mais c’est notre marque de reconnaissance qui résume l’histoire de notre pays.

La modestie engageante du titre de l’ouvrage que nous vous proposons d’acquérir ne doit pas masquer que c’est le résultat d’une solide érudition accumulée pendant de nombreuses années et un travail obsessionnellement critique. Par souci d’homogénéité, l’auteur, graphiste de profession, a dessiné toutes les illustrations. Comme il est aussi subtil caricaturiste, il a inséré maints dessins humoristiques, pour prendre de la distance par rapport à un sujet qui peut paraître austère, voire ésotérique. Certes, les règles de l’héraldique sont très strictes, mais elles n’empêchent pas une grande liberté ornementale dans les compositions; un peu comme les contraintes de la fugue, ou du sonnet.

Chacun connaît ces précieux guides de randonnées qui proposent aux marcheurs de visiter des abbayes en ruines, des vestiges antiques, des sites oubliés, unissant dans le parcours les plaisirs de la géographie à ceux de l’histoire. C’est exactement ce qu’offre Olivier Delacrétaz dans sa vaste anthologie armoriale des familles et des communes vaudoises. Parfois le blason peut donner une explication toponymique: pourquoi y a-t-il trois têtes de chat sur les armoiries de Mathod? Elles se décrivent ainsi: palé d’argent et d’azur à la bande dentelée de gueules chargée de trois rencontres de matous d’or posés en pal. Quant aux bandes bleues et blanches, elles rappellent, comme les communes voisines, l’appartenance de Mathod au fief des Grandson. Cependant, les armoiries communales de Grandson sont tout autres (d’azur au soleil soutenu d’un croissant, le tout d’or), à cause de l’extinction de la dynastie des Grandson lors du duel calamiteux au cours duquel l’infâme Girard d’Estavayer tua notre premier poète, Othon.

Outre l’aspect décoratif visuel (végétaux imaginaires, bestiaire fantastique), l’héraldique délivre une poésie unique par les mystères de son vocabulaire et le sens caché de sa symbolique: parti d’or au lion issant de gueules et de sable plain. Une telle formulation n’est-elle pas un minuscule poème en prose, une sorte de haïku occidental? Relisez-le à haute voix. Ce sont les armoiries de la commune de Palézieux.

On se tromperait en réduisant cet art à une survivance d’un lointain moyen âge, avec ses hérauts d’armes, ses combats de lice, ses guildes, ses corporations. Jamais on n’a créé autant de blasons qu’au siècle passé. Aujourd’hui chacun a ses armoiries, communautés civiles et religieuses, bourgeois et gentilshommes. On peut même déceler dans les emblèmes sportifs, voire les panneaux de signalisation routière, une lointaine dérivation d’un art qui a su maintenir sa permanence au cours des siècles.

Le beau livre d’Olivier Delacrétaz offre au débutant un outil attrayant pour décrypter les secrets de ce vaste domaine; au familier il permettra d’étendre le champ de ses connaissances. En complément, un glossaire très précis définit tous les termes utilisés dans le texte. Même s’il est loin d’être exhaustif, il confère à l’ouvrage un caractère universel, puisque ce vocabulaire est celui de toute l’Europe.

Ne ratez pas l’avantageuse offre promotionnelle de souscription encartée dans ce numéro

Vous avez de la chance, cet article est en accès public. Mais La Nation a besoin d'abonnés, n'hésitez pas à remplir le formulaire ci-dessous.
*


 
  *        
*
*
*
*
*
*
* champs obligatoires
Au sommaire de cette même édition de La Nation: