Une création mondiale

Il est rare de vivre la création mondiale d’une œuvre d’un grand compositeur, encore plus si c’est une création posthume! Or c’est le privilège qu’a eu le public de l’OCL lors d’un concert d’abonnement printanier, où se donnait pour la première fois Die Blaue Blume de Frank Martin, dans une orchestration du Hollandais Bart Visman. Cette œuvre a été écrite en 1936 pour le ballet de Zurich, mais les chorégraphes l’ont jugée trop difficile; le compositeur l’a laissée de côté, peut-être oubliée, et elle a été retrouvée lors du tri de ses affaires il y a quelque cinq ans. Une seule partie était orchestrée; l’OCL et ses partenaires en ont commandé l’achèvement et la mise en forme comme suite pour orchestre.

Sur le thème de l’amour impossible, c’est une belle musique. Des passages vigoureux alternent avec des plages méditatives. Des superbes parties de solos, parfois tourmentées dans la manière de Frank Martin, parfois sereines, avec discret accompagnement, sont dévolues au violon, à la contrebasse (!), au cor anglais, au hautbois, et pour finir à la flûte dans une lumineuse conclusion. Cette œuvre enrichira à coup sûr le répertoire des «classiques» du XX^e siècle.

La musique de Frank Martin est actuellement un peu délaissée. C’est pourtant un compositeur de premier ordre. A Vendredi-Saint, nous avons réécouté Golgotha dans l’excellent enregistrement lausannois de 1970; c’est un chef-d’œuvre. Quand un de nos chœurs le reprendra-t-il? Et le Cornet, autre émouvante merveille?